Une fois n’est pas coutume, je voudrai aujourd’hui aborder l’un des faits qui font l’actualité ces jours-ci : l’agression sexuelle d’une jeune femme dans le métro de Lille. Agression qui, en plus d’être révoltante en soi, a pour particularité d’avoir été commise en présence de témoins passifs. A tel point que le procureur de la République de Lille a décidé d’ouvrir une enquête distincte de celle de l’agression, visant à identifier les passagers restés passifs lors de l’agression.
Une affaire qui rappelle celle qui a secoué les Etats-Unis et plus particulièrement la ville de New York, la nuit du 13 mars 1964. Et qui a donné naissance à ce que l’on a baptisé depuis l’ « effet du témoin » ou « effet spectateur« .
Pour un petit rappel des faits, Catherine « Kitty » Genovese fut sexuellement abusée et assassinée en pleine rue, près de sa maison à Kew Gardens. Les circonstances du meurtre et la non-intervention de nombreux témoins (38 selon les dires, ce qui donna son titre au film retraçant l’affaire « 38 témoins ») présents lors de l’agression en font un crime célèbre.
A la une du New York Times deux semaines plus tard, cet article a déclenché une énorme polémique à l’époque et point de départ de nombreuses recherches en psychologie sociale tentant d’expliquer le phénomène dénommé depuis l’effet du témoin ou « effet spectateur ».
Attaquée à deux reprises par son agresseur, elle sera retrouvée au pied de son immeuble. Les témoins, plusieurs habitants de ce même immeuble, reconnurent par la suite qu’ils étaient au courant que quelque chose se passait suite à des bruits et appels au secours lancés par Kitty.
L’histoire, avant d’être adaptée au cinéma et quelque peu modifiée dans l’intérêt du film, a été retranscrite par Didier Decoin, membre de l’académie Goncourt en 2009 dans son livre intitulé « Est-ce ainsi que les femmes meurent ? ».
Ces deux fait d’actualité posent la question de la non-assistance à personne en danger et nous fait réfléchir sur la problématique de l’effet spectateur. Que feriez-vous si vous assistiez à une agression ? Ce type de cas est-il susceptible de réveiller (enfin) les consciences dans un monde où l’individualisme prime ?
Enfin, rappelons que la loi dit qu’il y a non-assistance à personne en danger si on est en mesure d’intervenir sans risque pour soi ou pour des tiers. Elle constitue un délit puni par le tribunal correctionnel à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende.
Pour en savoir plus sur l' »effet spectateur », c’est par ici !
Si vous avez eu l’occasion de porter secours à une ou plusieurs personnes en situation dangereuse, n’hésitez pas à venir témoigner en commentaire de ce blog. Ceci afin de démontrer que tout espoir n’est pas vain et que chacun d’entre nous peut aider son prochain.
Merci à vous ! 🙂
Excellente chose que d’en parler Isa. J’ai déjà « sauvé « hommes et femmes dans des situations difficiles et force est de constater que je me sentais bien seul.
J’aimeJ’aime
Merci Abdelhamid, c’est aussi prendre le risque de créer une polémique que d’aborder ce sujet mais cela me semble en effet indispensable.
Il ne s’agit pas forcément de faire acte d’héroïsme en mettant sa vie en danger néanmoins il existe nombre de solutions pour aider une personne en situation de danger immédiat.
Soyons un peu plus altruistes, nous pourrions tous un jour être en situation dangereuse et nous serions alors largement reconnaissants à toute personne venant à notre secours.
J’aimeJ’aime
Le procureur a très bien agit. Comment cela peut arriver devant tout le monde ?
J’aimeJ’aime
Je viens de le commenter mais il m’est arrivé une aventure un soir de 2005 que je ne pensais pas possible. Sortant du bureau, je croise une patrouille de police, et regagne le métro. Au bas de l’escalier, je vois un enfant d’a peine 2 ans seul et qui tentait de prendre l’escalator. Tout le monde le regardait et personne n’agissait. J’ai donc couru pour alerter les policiers qui m’ont suivi de suite. En arrivant, un des policiers s’est retrouve face à une foule muette et dont aucun membre ne voulait laisser son identité à titre de témoin. J’ai donc donné ma pièce d’identité à un des policiers et lui ai donné l’adresse de mon lieu de travail afin qu’il me contacte. J’étais révolte par l’attitude des gens.
J’aimeJ’aime
Merci pour ce témoignage Abdelhamid et ton dévouement pour aider ceux qui en ont besoin.
Un grand bravo ! 🙂
J’aimeJ’aime
Seul je peux comprendre la peur, mais plusieurs personnes cela parait incompréhensible et « passif », à plusieurs on fait meute, on serre les coudes..
Quelle couardise !!
Et on va encore nous dire que la femme et l’égale de l’homme !
J’aimeJ’aime
Merci pour votre commentaire Danielle.
En effet, il serait logique que l’effet de masse prenne le dessus. Tous ces témoins aurait pu être « rassurés » par le nombre justement et porter secours à cette jeune femme ou tout du moins alerter les forces de police.
J’aimeJ’aime
Bonsoir, sujet très intéressant.
Sandra
J’aimeJ’aime
Merci Sandra, espérons qu’il puisse servir à éveiller quelques consciences…
J’aimeJ’aime
L’effet de masse est au contraire ce qui est la cause de la passivité.
chacun va attendre que ce soit l’autre qui agisse.
Lorsque l’on est confronté à un danger personnel, l’instinct de survie pousse à l’action. lorsque l’on est extérieur à ce danger, il pousse au contraire à la passivité.
J’aimeJ’aime
Quelle serait donc la solution ? Rééduquer les foules ? Intenter des procès comme c’est le cas à Lille pour responsabiliser les personnes (ici on parle bel et bien de plusieurs personnes) passives ?
Je peux tout à fait comprendre (quoique) qu’il soit plus difficile d’agir lorsqu’on est seul(e) mais en groupe ?
J’aimeJ’aime
Rééduquer? Vive les laogai?
J’aimeJ’aime
Joseph, il ne s’agit pas d’être aussi extrême. Au même titre que nous apprenons la politesse ou à respecter autrui, c’est avant tout une question de savoir-vivre.
J’aimeJ’aime
c’est également cet effet de masse, de passivité, qui permet de contrôler une foule plus facilement qu’un individu.
J’aimeJ’aime
Très intéressant comme article, je ne sais pas comment je réagirai si j’étais seule, je pense que je commencerai par appeler la police. En revanche quand il y a une foule de témoins, je trouve ça incompréhensible que personne n’ose se lever pour mettre fin au calvaire de la personne agressée. On a même l’impression de voyeurisme ! Est-ce que les gens arrivent à vivre avec des images et/ou des sons qui émanent de cette scène, en tête chaque jour ??? Situation vraiment invraisemblable à mon sens … mais encore une fois je n’ai jamais été confrontée à ça.
J’aimeJ’aime
Merci de ta réponse Fred. En effet, s’il est délicat (mais pas impossible) de secourir quelqu’un lorsqu’on est seul(e), il est revanche difficile de comprendre que lorsque plusieurs personnes assistent à ce type de scène, personne n’agisse.
Effectivement c’est aussi ça l’effet de groupe mais mettons nous un instant à la place des victimes… Mieux vaut être secouru(e) par plusieurs personnes que par… aucune. 😦
J’aimeJ’aime
Dans le métro, aux heures de pointe, certains hommes se collent, se frottent à vous volontairement, à vos fesses ou à votre poitrine. Je ne me suis jamais laissée faire. La technique ? Une épingle à nourrice que vous enfoncez d’un grand coup sec dans la fesse du malotru.
La semaine dernière, une femme n’a pas réagi ou n’a pas pu réagir lorsque la main baladeuse d’un homme caressait vraiment ses fesses; j’ai vu ça et d’autres femmes l’ont vu, sans réagir; c’était encore dans un wagon de métro.Discrètement je me suis faufilée vers l’homme puis l’ai bousculé prétextant d »avancer quelques mètres plus loin; en le bousculant, de ma main droite, je lui ai planté l’épingle à nourrice dans son derrière : le type a hurlé et moi j’ai fait semblant de rien.
Je n’en tire aucune fierté; parce que les gens devraient s’entraider.
J’aimeJ’aime
Bonjour et merci de votre commentaire qui nous ouvre les yeux une fois encore sur les réalités… malheureusement les gens restent encore trop « prudents » lorsqu’une personne est en danger (ou « ennuyée ») près d’elle. D’après des spécialistes du comportement, il semblerait que lorsque plusieurs personnes assistent à une agression (quelle que soit son type), il y ait un phénomène de « transfert de responsabilité » : on estime ainsi qu’il est plus facile d’attendre que les autres personnes présentes « bougent » plutôt que soi-même. On transfère ainsi la responsabilité de l’intervention. C’est fort dommage…
Merci de votre témoignage et de votre « astuce » pour les malotrus du métro que vous croisez 🙂 Et merci d’intervenir comme vous le faites, si tout le monde prenait la peine d’intervenir un temps soit peu comme vous, il y aurait déjà un grand progrès ! 🙂
J’aimeJ’aime
Pingback: La vidéo live (live streaming) en questions | Chroniques d'une CM