Aujourd’hui c’est repos, enfin je vais pouvoir souffler. Vous comprendrez aisément que je ne vais pas passer ma journée à respirer, quand bien même j’y trouverai un côté ludique. « J’ai pris ma journée » est le terme approprié pour penser à soi et échapper aux attaques olfactives des transports en commun par chaleurs suffocantes. Je vous laisse le soin de m’imaginer en train de m’étirer et de prendre tout mon temps (à lire le plus lentement possible) pour prendre ma douche, mon petit déjeuner et m’habiller.
Dans cette journée totalement décontractée, j’ai une sortie à effectuer car j’attends un envoi de la plus haute importance et j’avale les marches avec une rapidité qui rompt avec la lenteur du début de mon récit. Direction la boite aux lettres, un tour de clef, je récupère mon précieux et remonte via l’ascenseur (c’est repos je vous ai dit) dans mon appartement. Une lettre max contient un livre que j’ai gagné deux semaines auparavant. Je la palpe, l’ouvre, et découvre un roman, un premier roman devrais-je même dire. Bandeau rouge indiquant le prix Bouygues Telecom, le roman de Mélisa Godet est à moi et je vais m’empresser de le dévorer. Confortablement installé dans mon fauteuil adoré, jus d’orange et Vittel à portée de main j’entame le rituel de la dégustation livresque d’un festin intitulé : Les Augustins
Plusieurs gorgées de Vittel et prise de repas plus tard, je referme Les Augustins avec une joie immense que je tiens à vous faire partager.
Tout d’abord je dois procéder à une mise en bouche en vous disant de quoi retourne ledit roman.
Un des personnages centraux, Malika, jeune journaliste pour un webzine se voit confier la mission ô combien excitante de couvrir une exposition conceptuelle où le banquet est plus intéressant que les œuvres. Elle n’y est pas à l’aise et tente de meubler le temps, un verre à la main en sur-jouant son intérêt pour le travail de l’artiste. Détachée du narcissisme ambiant, elle est abordée par un homme tout aussi détaché mais parfait comédien pour se fondre dans la masse. L’homme désargenté vit dans un squat, un refuge de naufragés selon certain, un toit et une survie pour ses habitants. Malika, la fibre militante, est tout de suite intéressée par le squat, l’artiste, l’entraide et voit une immersion passionnante pour un futur article. Après accord de son « rédac’ chef », elle ne perd pas un instant pour plonger et rejoindre les Augustins. Sa motivation est double en raison d’une autre rencontre. A première vue un squat est un squat mais elle va se retrouver actrice d’un univers auquel elle n’était pas préparé et confrontée à l’équation de sa propre existence.
Je m’arrête là en ayant peut de vous en avoir trop dit. Mélisa Godet, pour son premier roman, fait mouche et sous une forme d’écriture qui lui est propre, nous fait vivre des moments d’une intensité exceptionnelle. Les personnages sont décrits de telle manière que j’ai eu l’impression de croiser les personnes au fil de ma lecture et d’être plongé à mon tour avec la journaliste dans un monde que je ne connais pas. J’ai ressenti le froid quand l’air glacial de l’hiver envahissait les rues de ce roman. De la même manière je me suis sentit attablé avec les personnages, dégustant le même repas. J’ai sué et ressentit une angoisse terrible en m’engouffrant dans l’une des nombreuses énigmes de ce roman. J’ai ressenti un sentiment de vengeance, une colère extrême, une tendresse reposante au fil de la lecture.
Plus qu’une galerie, un livre en vie, je vous invite à ouvrir ce livre immédiatement et voir ce que j’ai vu : à savoir un monde en trois dimensions qui évolue au fil des pages. Vous en ferez de même avec Les Augustins, j’en suis certain. Le style est direct, sans concessions et ne tombe pas dans l’angélisme ou le paternalisme que pourrait sous-tendre le mot squat.
Vous l’aurez compris, j’ai aimé ce roman au point de lui consacrer une place sur ma table de chevet afin de toujours garder un œil sur mes personnages et sur le monde des Augustins.
Un grand merci à Abdelhamid Niati pour cette (première ?) critique de livre 🙂
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